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Francis Gimgembre : « je dois être un fossile ».
Retour en arrière.
Gimgembre, dont le père peignait à ses heures perdues, débute par la peinture à l’huile. « Tout ce qui me passait sous les yeux depuis l’âge de 11 ans », se rappelle-t-il. Puis, après la bohème des seventies, se met à utiliser d’autres matériaux, réalise des collages, farfouille dans les multiples possibilités que lui confèrent ses pinceaux et ses mains.
« En 1995, je cherchais encore mon grand projet, confie-t-il en mimant les guillemets avec ses mains. Dans ma quête identitaire, je pensais à mon nom, Gimgembre, comment relier les arts – cette idée m’a toujours fait cogiter… Et un jour, en faisant le marché à Saint-Denis près de mon atelier, j’ai trouvé que les épices se rapprochaient des pigments que j’utilisais dans mes peintures ». Et voilà qu’il les achète par kilos. « C’était plus cher que la peinture », sourit-il. Des colles inodores et transparentes relient le tout. Cette recette de « boue d’épices » finira par être brevetée.
Dans un milieu artistique avide de nouveauté et pressé de ringardiser, ses premières expositions olfactives lui assurent son heure de gloire, critique et médiatique.
Aujourd’hui, il ne cache pas sa révolte face au « diktat » des détenteurs du bon goût, microcosme médiatico-culturel. « À notre époque, il n’y a plus d’avant-garde, seulement un côté. Il faut être absolument moderne, s’anime-t-il. Je crois à la peinture, à mon travail mais tout ça devient parfois douloureux ».
On allait oublier : depuis quinze ans, Francis Gimgembre travaille aussi à l’Opéra de Paris où il réalise des décors. Dont « un grand champ de cannabis ». Et enfin, les épices arrivent parfois jusqu’à son assiette.